La criiiiise offre quelques motifs d'inquiétude au chef d'entreprise que je suis. Mais pas pour les raisons rabâchées par les media. Pas de baisse de chiffre d'affaire, aucune difficulté pour obtenir un crédit, une autorisation de découvert. Certes, la volatilité des prix des matières premières désorganise un peu le travail mais après tout, ce sont autant d'opportunités à saisir pour ceux qui savent s'adapter.

Pourtant j'ai peur. Mon épouse n'ose pas dire qu'elle a épousé un chef d'entreprise. Je n'ose plus dire que je suis chef d'entreprise. Je suis devenu "directeur". Un-tout-petit-directeur-de-rien-du-tout. Les rayures ou les pneus crevés passent encore mais les pressions sur mes proches et mes enfants à l'école, je n'en peux plus!

L'entreprise est l'origine de tous les maux, le chef d'entreprise est un paria qui doit garder la tête basse, rouler en Logan et laisser un tiers des bénéfices de son entreprise à ceux qu'il fait vivre et qui malgré tout, lui chient dessus. J'ai sans doute besoin de prendre des vacances.

Le PS n'existe plus (bon débarras), la droite n'existe plus (bon débarras) et l'arrogance de l'UMP m'est insupportable. La "route vers la servitude" s'est transformée en autoroute et de plans de relance en plans de relance on s'achemine d'une récession vers une dépression. Le court-termiste des politiques, leur facilité à jeter l'argent d'autrui par les fenêtres sont effrayants.

Et moi, j'ai l'air con avec mes mesurettes insignifiantes, ridicules et scandaleuses pour faire face à la criiiiise. Le nouveau statut d'auto-entrepreneur le prouve: un nombre important de gens sont prêts à se lancer dans la création d'entreprise. Cependant, ce nouveau statut, c'est la smicardisation du chef d'entreprise. Les seuils et les taxes imposés ne permettent pas de gagner davantage. Le patron au smic, c'est le seul qui soit tolérable et toléré. Mais l'auto-entrepreneur n'embauche pas, la formule ne le permet pas, les seuils seraient immédiatement dépassés et il sombrerait dans les affres de l'entreprise honnie.

Plus le chef d'une TPE embauche, plus les emmerdes pleuvent. Malgré les beaux discours, rien ne change. Enfin si mais dans le mauvais sens.
Quel est donc l'intérêt d'embaucher? Philanthropie? Masochisme?
Quand un patron embauche c'est pour répondre à la croissance de son entreprise. Et pourquoi faire croître son entreprise? Pour accroître ses propres revenus. Rien d'autre.
Je vous vois venir, les socialistes de droite ou de gauche: pourquoi ne pas se contenter de ce que l'on a sans chercher à croître à tout prix? La réponse à cette question est sans importance car ce genre d'entreprise n'embauche pas. Je passe rapidement sur la croissance quasi obligatoire pour qui ne veut pas déposer le bilan, toujours est-il que seules les entreprises qui croissent sont celles qui embauchent. En être arrivé à débiter de telles évidences me fout les jetons.

Par conséquent, a quoi bon embaucher si mes revenus n'augmentent pas? Pourquoi plonger dans les emmerdes sans contre-partie?

De quoi est constitué le revenu d'un chef d'entreprise? D'un salaire s'il est "gérant minoritaire", d'un revenu s'il est "gérant majoritaire". La différence entre les deux est maintenant infime. Il est à mon sens un peu plus avantageux d'être non salarié, les charges sont très légèrement inférieures et surtout on entre pas soi-même dans les effectifs de l'entreprise. Le seconde source de revenus est le versement de dividendes si l'entreprise fait du bénéfice.
Pour certains chefs d'entreprise, c'est leur seul revenu. Pas de sécu, pas de retraite mais c'est leur choix.

Il y a quelques années, il existait un mécanisme fiscal permettant au chef d'entreprise de ne pas payer l'impôt sur le revenu plusieurs fois. En effet, l'impôt sur les société étant de 33%, quelque soit la somme que se verse le chef d'entreprise, même un smic, il est d'abord imposé à 33%. L'avoir fiscal permettait de corriger cette formidable injustice et remettait le chef d'entreprise dans la tranche d'imposition de monsieur tout le monde.

L'avoir fiscal à disparu.
Puis la CSG.RDS sont venus s'ajouter (11% puis 12,1% en 2009)
Et la moitié du reste est dorénavant soumis à l'impôt sur les revenus

Les revenus du chef d'entreprise, même au smic, sont taxés à plus de 40%.

Je passe sur l'avalanche de taxes qui sont arrivées, de l'augmentation affolantes des taxes existantes depuis l'élection du fou, qui grèvent d'autant l'éventuel bénéfice.

Politocards, si vous voulez des entreprises dynamiques, des entreprises qui relocalisent, faites en sorte de libérer les revenus du chef d'entreprise! Tant pis pour les écarts de revenus ou plutôt, vivent les écarts de revenus! Ce sont eux, le moteur de l'économie, le moteur de l'embauche.


Avant:


Après: