Le Medef propose, pour une fois, une mesure éducative et simplificatrice du bulletin de salaire: il s'agit de ne plus faire de distinction entre les parts salariales et patronales des prélèvements.
Mesure excellente puisqu'elle aura le mérite de faire connaître aux salariés leur salaire réel, c'est à dire la somme totale que l'employeur dépense pour rémunérer leur emploi. Et surtout ils auront une visibilité accrue sur le coût exorbitant de notre système social (sécu et retraite).

Notons que l'inscription de la "part patronale" sur le bulletin de salaire à titre d'information fût également une demande du patronat d'antan. Autrefois, cette part était invisible.

Cette mesure est purement technique comme le souligne Laurence Parisot. Cela n'a aucune incidence sur le salaire net des salariés. La CGC rétorque que ce n'est vrai qu'à l'instant "t", puisque les salariés devront assumer les éventuelles futures hausses de cotisations.

D'autres syndicats soulignent que les prélèvements "qui sont abusivement appelés charges", sont un salaire différé puisque redistribués sous forme de soins, de retraite, etc.

N'y a-t-il pas, une fois de plus une incohérence dans le discours syndical? En effet, si les prélèvements sont un salaire différé, pourquoi se plaindre des hausses de cotisations qui seront de toutes les façons redistribuées?

Cela veut dire au moins trois choses:

1- les syndicats qui défendent becs et ongles le système social français que tout-le-monde-ne-nous-envie-pas reconnaissent ainsi implicitement que la redistribution n'est pas aussi efficace que cela.

2- Que payer pour quelque chose que l'on a pas choisi n'est pas un système juste

3- l'hypocrisie règne en maître quand la CGC prétend que la hausse des cotisations patronales n'a pas d'impact sur les salaires nets. Elle n'en a pas à l'instant "t" mais les salariés devront assumer ces hausses, l'argent ne tombant pas du ciel. Faire croire aux salariés que l'entreprise prélève ces hausses sur ses résultats est malhonnète. Dans tous les cas, les salariés sont perdants: les rémunérations progressent moins vite et les hausses de cotisations génèrent de l'inflation.