Tarde venientibus ossa*

* “L’Etat est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde” Frédéric Bastiat

 
Il n'y a pas de fumée sans feu

Le Grand Mamamouchi a décidé: le tabac sera interdit dans les lieux ouverts au public. Tout a été dit ou presque sur cette mesure liberticide mais efficace. Restriction des libertés contre santé publique, pour résumer la polémique. Je critique la mesure alors qu'en tant que non fumeur, je suis obligé de reconnaître que je vis mieux dans un environnement non fumeur. Les fumeurs eux-mêmes ne peuvent dire le contraire. Là est le côté pernicieux de la justification de cette loi.

Cependant, il y a pire à mon sens. Il y a dix ans, prendre une telle mesure aurait-été suicidaire électoralement. Il a fallut la préparer progressivement. Je ne parle pas des "campagnes d'information sur les méfaits du tabac", bien visibles et certainement salutaires. Les défenseurs de ce décret donnent volontiers comme exemple, le train. Autrefois entièrement fumeur puis quelques wagons non fumeur, pour inverser la situation et passer à quelques wagons fumeurs à l'interdiction totale de fumer. Or, tout le monde, fumeurs inclus s'accordent à reconnaître qu'il est plus agréable de voyager sans être incommodé par cette fumée qui pique les yeux et les bronches tout en s'incrustant dans les vêtements. On justifie ainsi la mesure.

Cependant, réfléchissons. Qu'est-ce qu'une pollution? Une pollution est une concentration d'éléments -peu importe lesquel- dans un lieu restreint. Ainsi, si l'on reprend notre exemple du train, les sensations désagréables, irritables et nuisibles de la fumée de tabac sont quasi imperceptibles dans un train entièrement fumeur puisque la fumée est dispersée dans l'ensemble du train alors qu'il est absolument impossible de rester plus de quelques minutes dans l'unique wagon fumeur qui concentre l'ensemble de la fumée.

Voici donc décryptée, la méthode de coercition douce employée par l'Etat: passer de force est difficile sinon impossible dans un pays démocratique (cf le CPE), il est nécessaire et sain de convaincre les individus avec de prendre une décision. Et pour en arriver là, soit on convainc les gens par le débat et alors la loi est inutile puisque tout la société s'adapte d'elle même, soit on utilise une méthode pernicieuse. Politique des petits pas et muselage de l'opposition par la force ou en la désignant coupable tout en la livrant à la vindicte populaire. Ici le fumeur est coupable de "tabagisme passif". On notera qu'en écosse, il est interdit de fumer chez soi un jour avant de faire venir un plombier par exemple.

Il y a fort à parier que l'argument du "tabagisme passif" éculé, c'est le coût collectif (Sécu) de la santé qui viendra faire voler en éclat la parcelle de liberté restant aux fumeurs. On s'achemine ainsi doucement mais sûrement vers une prohibition.

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Commentaires
1.   h16  ›  mardi 10 octobre 2006 à 13:03

A ceci j'ajouterai que jadis, les trains étaient fumeurs, et les arguments moins fumeux. A ce moment là, la courtoisie poussait les fumeurs à demander s'ils pouvaient fumer, ou les non-fumeurs à demander poliment aux fumeurs d'arrêter. Et cela se passait très généralement bien. Mais ce monde n'est plus connu par les moins de 30 ans...

 
2.   Jesrad  ›  mardi 17 octobre 2006 à 13:08

La semaine dernière, à l'occasion de la dégustation de sandwich qui m'anime chaque midi, quelle ne fut pas ma surprise que ma voisine, charmante au demeurant, m'interpella en ces termes: "Est-ce que ça vous dérange si je fume ?". J'ai répondu oui, encore hagard et surpris qu'il existe encore des gens doués de sens civique de nos jours.

"Tout a été dit ou presque sur cette mesure liberticide mais efficace."

Certes, empêcher par la force le peuple de s'empoissonner, c'est bon pour sa santé. Tout comme l'empêcher ou tenter de le dissuader de prendre des risques de tout ordre, comme manger gras, faire du planeur, rouler vite, plonger dans de l'eau froide après être resté au soleil, traverser la route, prendre le tramway, vivre. Au passage, M. le plombier écossais devrait pouvoir refuser de travailler là où ça sent le tabac, s'il le souhaite (ou pas, ça c'est la liberté). Et ainsi, les éviers des uns et des autres seront bien gardés.

 
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